La crocidure musette est une petite musaraigne méfiante que l’on observe parfois furtivement sous divers objets (bois, tôles, bâches) entreposés à l’extérieur. Bien que très commune, il est plus rare de l’observer chasser car il faut être très très discrêt pour éviter de se faire repérer, enfin c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je rencontre chez moi une musaraigne non craintive.
Lundi 18 juin 2018, la journée s’annonce chaude, je me décide donc d’aller arroser mes plantes sous ma serre. Equipé de mon arrosoir, j’arrose et dès les premières gouttes versées je suis surpris par le mouvement d’un animal auquel je n’avais pas prêté attention. Comme l’animal a fuit la douche relativement tranquillement, pour aller se cacher sous une poutre horizontale, je pense l’avoir en partie reconnu grâce à son long museau parsemé de longs poils, il s’agit d’une musaraigne. Mais quelle musaraigne ? Une musaraigne bien occupée en tout cas et surtout non craintive car quelques secondes plus tard, la voilà qui revient tranquillement. M’a t’elle vue ? À ce moment là j’en ai aucune idée, je reste donc discret et je l’observe quelques minutes. Elle avance en reniflant et en cherchant dans tous les recoins qu’offrent les restes du paillage que j’avais déposé sur le sol. Elle s’arrête par moment, marque de courtes pauses d’environ trente secondes puis elle reprend sa recherche. À coup sûr elle est entrain de chasser, ceci est assez vite confirmé par l’observation de la première proie attrapée, il s’agit de Lagria hirta, la lagrie hérissée, un coléoptère de la famille des ténébrions. Quelle belle observation !
Toujours très calmement je me retire alors à reculons pour ensuite aller chercher mon appareil photo, comment ne pas vouloir immortaliser cette rencontre !?
Quelques minutes plus tard, cette fois ci bien équipé je repère la musaraigne pas très loin de là où je l’avais quitté, elle chasse toujours et semble vraiment m’ignorer. J’en profite donc pour prendre quelques clichés, jusqu’à ce qu’elle se dirige vers l’extérieur de la serre pour continuer sa recherche dans l’herbe haute, puis dans l’herbe rase, un comportement de plus en plus étrange ! Et de plus en plus dangereux pour elle ! Mon chien n’étant pas très loin, j’essaie alors de l’effrayer pour qu’elle rebrousse chemin mais rien n’y fait, je tape sur le sol, je bouge violemment les plantes autour d’elle, non rien ne la détourne de sa chasse. Rien si ce n’est les petits bruits, les petites vibrations émises par les insectes tel que le petit carabe Poecilus cupreus qu’elle dénicha d’une petite anfractuosité du sol. Toujours dans le but qu’elle face demi-tour, à l’aide d’une petite branche je commence alors à imiter les vibrations d’un petit insecte et cela fonctionne la musaraigne saute sur mon bâton, je reproduis le geste un peu plus loin, ainsi de suite jusqu’à ce que je la perde de vue dans les broussailles.
Cette rencontre m’a laissé perplexe, cette petite musaraigne que j’ai ensuite pu identifier comme étant la crocidure musette Crocidura russula, avait elle toute sa tête ?
De nombreuses hypothèses peuvent être émises. Que la musaraigne s’accomode dans certains cas de la présence de l’homme en l’ignorant est un fait connu mais il serait une toute autre affaire qu’elle perçoive la présence de l’homme comme une protection afin d’aller chasser dans des endroits où elle peut devenir une proie.
Autre question qui me taraude, j’ai pu observer la crocidure voilà maintenant sept jours, je ne l’ai pas revue depuis, est elle toujours en vie ?
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